par Invité Jeu 24 Nov - 15:55
J'ai pas mal bossé ce concept en sciences de l'éducation, notamment pour la didactiques des mathématiques.
Voici ce que mon prof écrivait à ce propos :
C’est une situation qui se dénoue par le passage d’une connaissance de son rôle de moyen de
résolution d’une situation d’action, de formulation ou de preuve, à un nouveau rôle, celui de
référence pour des utilisations futures, personnelles ou collectives. Exemple : la résolution
d’un problème, si elle déclarée typique peut devenir méthode ou théorème. Avant
l’institutionnalisation, l’élève ne peut pas se référer à ce problème qu’il sait résoudre : devant
un problème semblable, il doit produire à nouveau la démonstration. Au contraire après
l’institutionnalisation, il peut utiliser le théorème sans en redonner la démonstration ou la
méthode sans la justifier. L’institutionnalisation comporte donc un changement de convention
entre les actants, une reconnaissance (justifiée ou non) de la validité et de l’utilité d’une
connaissance, et une modification de cette connaissance - qui est « encapsulée » et désignée -
et une modification de son fonctionnement. Il correspond donc à une institutionnalisation une
certaine transformation du répertoire commun accepté et utilisé par ses protagonistes.
L’institutionnalisation peut consister en une adjonction au répertoire mais aussi en un retrait
d’une croyance commune reconnue soudain comme fausse. Les connaissances du répertoire
fonctionnent avec un jeu de status plus complexe, suivant leur usage. Une institutionnalisation
peut consister en modifications plus subtiles. Par exemple l’adoption d’un abus de langage
comme signe de l’appartenance à une institution.
L’institutionnalisation peut déjà se produire dans des situations non didactiques d’autoapprentissage
spontané et aussi dans des processus auto-didactiques, c’est alors une
convention interne au groupe d’actants ([/size][/size]institutionnalisation non didactique).
Mais elle est évidemment fondamentalement liée au processus didactique et résulte d’une
intervention spécifique. C’est elle qui permet au professeur et à l’élève de reconnaître et de
légitimer « l’objet de l’enseignement », même s’ils le voient de façons différentes. Elle peut
consister en la reconnaissance par l'enseignant de la valeur d’une production des élèves.
Elle affirme alors : (1) que la proposition de l’élève est valide et reconnue comme telle hors du
contexte particulier de la situation présente, (2) qu'elle servira dans d'autres occasions, encore
non connues, (3) qu’il sera alors plus avantageux de la reconnaître et de l’utiliser sous sa
forme réduite que de l’établir à nouveau (4) qu’elle sera acceptée directement par tous ou au
moins par les initiés.